App Tracking Transparency-Framework d'Apple - Plus de protection des données sous iOS 14.5 ?
Non seulement les sites web, mais aussi les applications mobiles utilisent le tracking. Les données ainsi obtenues sont utilisées pour spécifier la publicité et sont échangées à cet effet avec les réseaux publicitaires. Ils utilisent à cet effet l'identifiant publicitaire du terminal mobile, également appelé Advertising Identifier (IDFA), qui leur est visible par défaut.
Dans le cadre de la nouvelle mise à jour iOS 14.5 d'Apple, il y a une nouveauté : l'utilisateur peut autoriser ou refuser le suivi des applications via un message du système d'exploitation à l'ouverture d'une application. Selon ses propres dires, Apple souhaite ainsi protéger les données des utilisateurs.
La manière dont cela doit être évalué du point de vue de la protection des données et du droit des cartels est présentée ci-après.
Droit de la protection des données
Le tracking permet d'identifier un utilisateur sur une longue période grâce à différents procédés. Ce processus implique le traitement de données à caractère personnel, ce qui nécessite toujours une base juridique.
Il faut tout d'abord penser au consentement. Étant donné que le suivi peut avoir lieu non seulement via l'identifiant publicitaire, mais aussi via les cookies, les considérations juridiques relatives aux cookies peuvent également être utilisées : Si l'on accède au terminal de l'utilisateur, non seulement le RGPD, mais aussi la loi sur les télémédias et la directive ePrivacy sont pertinents. En conséquence, seul un consentement est envisageable comme base juridique, qui doit être obtenu dans le cadre d'une procédure opt-in selon la Cour fédérale de justice (décision Planet49 de mai 2020), dans la mesure où il s'agit d'une collecte de données à des fins de publicité, d'étude de marché ou de profilage. Le consentement doit également être obtenu de manière volontaire, univoque, informée et révocable, conformément à l'article 4, point 11, et à l'article 7 du RGPD.
Toute application qui souhaite suivre l'utilisateur doit donc de toute façon obtenir son consentement. L'AppTrackingTransparency-Framework (ATT) d'Appel ne fait que renforcer cette obligation, ce qui est tout d'abord positif du point de vue de la protection des données. L'association allemande des centres de consommateurs (Bundesverband der Verbraucherzentralen) a également salué la stratégie d'Apple.
Droit de la concurrence et des cartels
Les critiques rétorquent toutefois qu'Apple ne fait que poursuivre ses propres objectifs commerciaux avec l'ATT : les apps gratuites qui sont financées par la publicité au sein de l'app ont justement moins de revenus, de sorte qu'elles ne peuvent plus rester gratuites. Mais si des apps payantes sont proposées dans l'Apple Store, Apple en tire à nouveau des bénéfices. Il n'est donc pas improbable qu'Apple ait un intérêt économique propre.
En outre, des plaintes contre Apple ont déjà été déposées fin avril auprès de l'Office fédéral des cartels par des associations de pointe du secteur des médias et de la publicité sur Internet. Ils reprochent à Apple d'abuser de son pouvoir de marché en utilisant l'ATT. Les nouvelles dispositions en matière de protection des données sont considérées comme une concurrence déloyale du point de vue du droit des cartels, car l'accès à des données importantes pour la concurrence est rendu plus difficile pour l'industrie publicitaire, et ce de manière inadmissible. Ceci est contraire aux nouvelles dispositions de la loi sur les restrictions de la concurrence (GWB). En se basant sur cette loi, l'Office fédéral des cartels pourrait agir plus efficacement contre les comportements abusifs des plateformes dominantes.
En résumé :
Il reste à voir quelle sera l'issue du litige dans le domaine du droit de la concurrence et des cartels et, en conséquence, quelle sera l'image de la nouvelle stratégie d'Apple.
D'ici là, la démarche est à saluer dans un premier temps du point de vue de la protection des données, même si certains exploitants d'applications ne seront pas de cet avis.